Le rituel du Theyyam
Le rituel du Theyyam ne se déroule que sur la côte Malabar, dans le district de Kannur ou celui de Kasarakod, au nord du Kérala (souvent nommé «God’s own land » = le pays de Dieu). Theyyam a son origine étymologique dans Daivam, c’est à dire Dieu en langue vernaculaire.
Les Theyyams sont célébrés entre le dixième mois de l’année, Thulam, correspondant en Malayalam (la langue du Kérala) à la période mi-octobre/mi-novembre, et le milieu de Idavam (mi-mai/mi-juin). Il s’agit donc de la période entre la fin de la récolte et la préparation de celle de l’année suivante. C’est un temps de prière pour une bonne récolte, la prospérité et la solidité sociale en général.
Seuls les membres de communautés particulières sont habilités à les célébrer.
(Je développerai cela dans un article ultérieur).
Les coiffures, les masques, les maquillages, et les ornements de corps sont spectaculaires, tant par leur taille démesurée que par leurs couleurs où domine le rouge vif.
Je suis devenu un passionné de Theyyam que je commence à bien connaître. Mais, nous le verrons plus tard, très difficile tout de même à appréhender et à en saisir les détails et leur sens, pour nous Occidentaux.
Ce sera un sujet d’articles suivis qui prendra une place importante dans ce blog.
Le rituel du Theyyam peut être décrit comme la forme la plus importante et la plus spectaculaire de l’art rituel de cette contrée. Elle est associée à des mythes et des légendes, mais il s’agit aussi d’une forme de culte, composé de rites et de danses divines par lesquels les dieux sont honorés.
L’adoration de dieux, déesses, héros légendaires, etc, dont on veut commémorer le souvenir, la force ou la valeur morale, est basée sur le concept de la transe, après des rituels propitiatoires appropriés.
Le dieu ou la déesse appartenant à un temple devient temporellement manifeste dans le corps du « performer » (l’homme qui va effectuer le rituel), l’élevant ainsi à un statut divin.
J’utiliserai indifféremment, comme les Indiens eux-même, les termes de « performer » et « performance » pour désigner le rituel proprement dit ou celui (ou ceux) qui l’interprète(nt).
Les Theyyams se déroulent la plupart du temps dans l’enceinte d’un petit sanctuaire ou dans un espace arboré sacré faisant partie de celui-ci, dénommé kaavu, ou dans la cour d’une maison ancestrale, plus rarement dans un espace ouvert doté d’un sanctuaire temporaire appelé pathi.
Selon l’hindouisme, toutes les activités de création-préservation-destruction de l’Univers sont contrôlées par les trois dieux Brahma, Vishnou, et Shiva. Pour faire respecter la justice, ces dieux apparaissent sous de nombreuses formes et incarnations. L’homme a intégré leurs formes et leurs comportements divins en tant qu’autre manière de culte. Ils sont devenus une partie de leur Culture, ont subi de nombreuses modifications au fil du temps, entraînant une évolution dans cette dernière.
Il est très difficile d’identifier la période exacte de l’origine du Theyyam. Cependant personne ne peut réfuter qu’elle est très archaïque.
Selon la croyance générale, elle est attribuée à Manakkadan Gurukkal (Gurukkal signifie « maître »). C’était un grand artiste et occultiste appartenant à la communauté Vannan.
Un jour, le Rajah de Chirakkal l’invita afin de tester sa compétence en tant qu’artiste et magicien. Gurukkal résidait à Manakkad dans le Karivellur, à environ 40 kilomètres du palais du Rajah. Ce dernier avait ordonné d’établir différents obstacles à la traversée de la rivière par le bac. Mais Gurukkal réussit à la traverser grâce à ses pouvoirs divns.
Les portes du Fort ont également été fermées pour l’empêcher d’entrer, mais cette fois encore il réussit à comparaître devant le roi. Le Rajah était assis parmi quelques autres personnes de la Cour, en sorte que Gurukkal ne puisse pas l’identifier. Mais Gurukkal reconnut facilement le roi, et l’honora. (hé, hé, hé, ça ne vous rappelle pas une certaine Jeanne ?). Alors qu’il fut convié à manger, il fut placé de telle sorte qu’il devait jeter lui-même (et non un serviteur) la feuille de bananier dans laquelle il avait été servi. (Aujourd’hui encore il est assez fréquent dans certains restaurants ou lors de grands rassemblements tels que les mariages, par exemple, que le repas soit servi non dans une assiette, mais sur une feuille de bananier. Le but étant de lui faire sentir son infériorité. Gurukkal prévit alors de recevoir son riz sur une feuille de melon. Et après avoir pris son repas, il avala la feuille et évita ainsi habilement l’humiliation de devoir la prendre et la jeter lui-même. C’est ainsi qu’il réussit à surmonter les épreuves du Rajah.
Il lui fut ensuite demandé de créer des costumes pour des divinités dont les danses rituelles devaient être effectuées sous la forme des Theyyams au cours de la nuit. Alors Gurukkal conçut trente cinq Theyyams différents avant le lever du soleil.
Le Rajah admit la compétence de Gurukkal et un titre lui fut décerné.
On pense que c’est là l’origine de la forme actuelle des Theyyams.
Ne ratez pas le prochain article sur le Theyyam !
Venez consulter régulièrement ce site.
Vous découvrirez d’autres photos accompagnées des textes appropriés sur les différentes sortes de « performances » dans de prochains articles.
Bonjour,
Merci pour le commentaire de qualité. En 2011, j’ai eu le privilège d’être autorisé à suivre (presque) de bout en bout, sur 24 heures, le rituel du Theyyam dans un petit village du Kérala. Moments intenses de communion de toute une collectivité qui n’a pas encore sombré dans l’exploitation touristique.
Bonjour, et merci Daniel, pour ce commentaire. Je suis arrivé en Inde il y a à peine deux semaines et depuis j’ai dû faire face à pas mal de soucis. Aussi mon blog est passé un peu en retrait. c’et pourquoi je n’ai pas publié plus tôt votre commentaire.
Hélas, je crains bien que l’exploitation touristique ne tarde pas…
Bonjour,
C’est une belle balade à laquelle vous nous conviez au travers de cet album. J’ai pris le temps de le feuilleter, thème après thème, photo après photo, pour mieux le déguster. L’Inde est, assurément, un pays fascinant à bien des égards, de par la grandeur et la variété des paysages et des monument…Mais que seraient ces lieux sans êtres humains.. et la rencontre vraie est celle avec les gens de la rue, des âmes humbles, sans artifices, et qui fascinent par la profondeur de leur regard… Et vous avez su, justement, capter ces regards…Nous retrouvons ensuite le photographe que vous êtes face à la nature, à l’environnement… Tout cela mérite également que l’on s’y attarde… Et, c’est pour cette raison, que votre album doit se feuilleter.. (et feuilleter à nouveau..) peu à peu pour mieux en profiter..et pour retrouver le moral, si besoin est!!Et certaines photos nous amènent à relativiser beaucoup de nos soucis quotidiens…
Merci Marien pour cette évasion que vous nous offrez généreusement au travers des Rites, de la Nature (aussi bien en Inde qu’aux Antilles) et des Hommes, et bravo pour votre talent! Bien cordialement. Jean Vincentelli
Merci beaucoup, Jean, pour ce commentaire dithyrambique qui me va droit au cœur.
Hélas, je crois que de nos jours les gens ne s’intéressent plus à grand chose à part la bouillie quotidienne qu’on leur sert un peu partout. Et la (belle) photo, autre que celle que l’on peut voir sur certains réseaux sociaux que je ne nommerai pas, n’intéresse plus personne et encore moins la lecture des textes qui les accompagnent.
Then, nobody visit my website…
Ou le font-ils, qu’ils ne laissent aucun commentaire.
Alors, je suis particulièrement touché quand une personne m’envoie un commentaire sur le travail considérable que représente non seulement le fait de faire une belle photo, mais ensuite celui de trier, de réduire (pour ne pas être volé), afin de mettre les images en ligne sur un site qui ne soit pas dénué d’originalité.
On m’a déjà répondu (j’ai pas publié) que « l’originalité ne paie pas de nos jours et qu’il faut faire dans le merdique pour attirer beaucoup de visiteurs ».(sic)
Je crois qu’il en va de la beauté comme de l’éducation…..Et ce que l’on nous sert au Cinéma comme à la Télévision n’arrange pas les choses….le vulgaire l’emporte..Et avec la réforme de l’orthographe, cela ne va qu’empirer…C’est pour cela que l’on aime se réfugier un moment dans la contemplation d’un beau paysage ou d’un regard énigmatique…Et c’est en cela que vos albums méritent qu’on s’y attarde, car il y a la photo, bien sûr, mais le travail de choix et de mise en valeur… Merci encore pour tout cela et continuez de nous faire rêver….Bien cordialement. Jean
Merci pour ces explications. Tes photos sont magnifiques.
c’est vrai que ces photos sont extraordinaires. Grand merci au photographe de nous les faire partager
Merci beaucoup Jacky pour ce commentaire. Je travaille activement à « meubler » la Galerie, mais c’est long car je ne veux pas mettre n’importe quelles photos
La création de ce blog est une surprise et une très belle initiative.
La présentation est digne des sites des grands photographes. Ces photos de Theyyam, que j’ai déjà vues sont toujours d’une beauté à couper le souffle, dignes des éditions Lamartinière, Taschen ou autres éditeurs de livres d’art.
J’espère que tu les convaincras.
Ces photos de l’Inde m’attirent toujours plus, mais les autres nous font également faire de beaux voyages.
Photographier et « mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur » pour signifier le monde. Cette maxime, bien connue de Cartier Bresson te correspond bien.
Avec ce blog nous pourrons te lire et enfin voir tes photos en direct. Merci.